Mots du Fondateur

« Tout le monde a un rôle à jouer, même si pour certaines personnes, c’est difficile de trouver leur propre voie. Notre mission chez SOS Dépannage, consiste à donner un coup de main à ceux qui, à un moment donné, ont besoin d’aide pour retrouver leur chemin. »

Norman Dunn

Entre le monde idéal et la vraie vie, il y a un peu de nous autres

Un sentiment mitigé entre la désolation et la fierté, c’est ce que je ressens quand je jette un œil sur les années qui ont passé depuis les débuts de SOS Dépannage, il y a près de 30 ans.

Dans un monde idéal, SOS Dépannage n’existerait pas. On aurait fermé nos portes après cinq ans, satisfaits d’avoir atteint nos objectifs.

Toujours dans l’idéal, on n’aurait pas normalisé l’existence des banques alimentaires, on ne jugerait pas les personnes sur l’aide sociale en avançant sans réfléchir qu’ils ont juste à se trouver une job, l’argent serait mieux réparti entre un détenu qui coûte 125 000 $ par an à l’État et un assisté social qui reçoit à peine 10 000 $.

Dans un monde idéal, l’idée ne nous viendrait pas à l’esprit que les assistés sociaux profitent davantage du système que d’autres et les gens pauvres ne mourraient pas plus jeunes. On ne s’en prendrait pas aux plus faibles, car pour cela, il ne faut vraiment avoir rien compris.

Les survivants

À mon avis, les personnes les plus courageuses sont celles qui, démunies, doivent lutter au quotidien pour survivre. Souvent sur l’aide sociale, elles doivent se priver de tout pour arriver à joindre les deux bouts, à payer le loyer. C’est rough la vie pour ce monde-là. Ce sont des survivants.

Ce sont ces personnes qui ont façonné SOS Dépannage, qui nous donnent des pistes pour faire notre travail. Comme ce père de famille qui m’avait dit un jour, « Tu nous encourages à être autonomes, mais ton organisme, lui, est-ce qu’il l’est? Ayoye! Effet coup de poing qui est à l’origine du Magasin général, dont les revenus sont réinvestis à

100 % dans la Banque alimentaire. C’est le magasin qui nous a permis d’éviter de dépendre continuellement des activités de financement.

L’évolution du milieu communautaire

Le milieu communautaire a énormément évolué depuis les années 80. À cette époque, les organismes à but non lucratif avaient la réputation d’être mal organisés. La situation a beaucoup changé. Aujourd’hui, les OSBL se sont dotés de codes d’éthique, de codes de conduite et de règlements. Ils se sont structurés.

Notre association avec les Banques alimentaires du Québec a été des plus positives pour le partage des idées entre organismes. De cette collaboration sont nés les processus de « Traçabilité des aliments », qui permet de retracer rapidement le chemin des aliments distribués et de la « Chaîne de froid » qui assure la conservation au frais les aliments périssables durant leur transport. Ces procédés ont été mis en place pour répondre aux normes rigoureuses de sécurité et d’hygiène qui leur sont dorénavant imposées.

De la nourriture à l’année

Un geste salutaire a été que tous les organismes de la région de Granby en viennent à un commun accord pour mettre un terme à la distribution des paniers de Noël. Nous avons ainsi réussi à défaire l’idée fortement ancrée que les besoins explosent une fois par année, en décembre et permis une meilleure répartition tout au long de l’année.

Attention! Je ne suis pas en train de dire qu’il faut mettre un terme à la guignolée, la période des fêtes est propice à la générosité. Chez SOS Dépannage, cette activité permet d’amasser 80 tonnes de nourriture non périssable. Et il faut que ça continue!

Plus de pistes de solutions aujourd’hui

Avant, les organismes donnaient un sac d’épicerie, qui allait nourrir une famille quelques jours. Puis, c’était à recommencer. Aujourd’hui, les cuisines collectives, les jardins communautaires, les groupes d’achats sont des exemples d’activités complémentaires qui incitent les gens à s’impliquer et à faire partie de la solution pour mettre fin à la faim.

La récolte

Près de 30 ans plus tard, SOS Dépannage est toujours là, je dirais plus fort que jamais, formé d’une équipe de gens compétents et dévoués.

Lorsque je croise, dans la rue ou à l’épicerie, des gens que j’ai connus alors qu’ils étaient enfants et que leur famille vivait des moments difficiles, et que je constate qu’ils sont devenus des adultes autonomes, qu’ils ont un travail et mènent leur vie, cela me rend heureux. Cela prend beaucoup de lucidité et de détermination pour briser le cercle de la pauvreté. Ces personnes ont toute mon admiration et lors de ces moments, je me dis tant qu’il y a de la vie, il y a toujours de l’espoir. Norman L. Dunn